L’étape entre Molveno et Cassano D’Adda est la dernière étape « facile » avant trois derniers jours d’enfer dans les Alpes et la passerelle de Turin. Les forces sont réduites, mais le peloton se prépare à un sprint annoncé et en profite pour laisser divaguer les pensées fantacyclistes…

« Il ne reste plus que trois étapes et le classement final pour faire la différence, il faut que ma triplette de leaders fasse des bons placements dans les dernières étapes de montagne et avec les points du classement général final, je peux enfin remonter ».

En attendant, Daniel Oss, Pavel Brutt et Eugène Zhupa prennent l’échappée matinale. Pour la forme.

« Je ne comprends pas, j’ai Kruijswijk, Chaves, Nibali et Majka mais je suis toujours au delà de la 20ème place au général. Ah oui, il me manque ce putain de Valverde ! ». « Bon, qui a une meilleure triplette que moi… je cherche partout, mais je n’y vois toujours pas clair ». « En plus, quelle est la bonne triplette de leaders ? On ne le sait toujours pas ».

Les équipes des derniers sprinters restés en lice, notamment la Trek et Lampre essayent de gérer l’étape pour arriver au sprint tant attendu qui devrait enfin permettre aux jet-men de seconde zone d’avoir leur heure de gloire. Mais après deux semaines et demi, c’est dur de gérer une étape avec deux demies équipes.

« Et toutes ces fantateams qui sont devant juste parce qu’elles ont Kittel et Dumoulin, vont-elles enfin craquer et disparaître du paysage ? Ca empêche de comprendre qui est mon réel rival pour un top-10 ». « Putain, Landa, Cancellara, Uran, Hesjedal, Viviani, Peraud, Pelucchi, Anton et Vanendert, j’avais pourtant une belle équipe avant le départ… ».

Les contre-attaquants reprennent les échappées et les équipes de sprinters courent toujours derrière.

« Si seulement Nibali pouvait ne pas faire son sicilien et éviter d’aller chercher une victoire pour l’honneur, ça m’arrangerait ». « Zakarin a l’air chaud, il pourrait monter sur le podium. Avec Valverde et Chaves, ça pourrait me suffire… ».

Le peloton est groupé à quelques kilomètres de l’arrivée. Ca va se jouer au sprint.

« Mais pourquoi je n’ai pas pris Kruijswijk ? L’an dernier il était l'un des plus forts en montagne et il avait fait un bon chrono. Pour 25 millions, il aurait dû être titulaire inamovible de ma team. Quel con ! ». « Et Majka, c’est quand qu’il va montrer ce qu’il a dans les jambres ? Une victoire d’étape et un top-5, ça pourrait finalement faire la différence… ».

« Bon, on ne m’a pas vu depuis le début du Giro, je suis quand même le leader de ma formation, je crois que je vais tenter un coup sous la flamme rouge… ».

« Putain, Pippo qui nous fait le coup du finisseur… il se croit où, à Sanremo ? Bon, on va pouvoir le gérer pour quand même arriver au sprint final… en même temps, ça fait quatre heures qu’on gère la course, on commence à avoir du mal ».

« Tiens, qu’est ce que je fous en tête du peloton à 600 mètres de l’arrivée ? Ah oui, je dois emmener Heino… mais il est où Heino ? Et puis à quoi bon, pour que Haussler fasse une 13ème place… je crois que je vais tenter ma chance… Pozzatto devant, il a l’air cuit… ah bien vu, ils ont placé un équipier juste derrière moi pour ralentir le retour du peloton… allez, j’y vais, on ne sait jamais… Ohhhh… Jaaaaaa !!! Wunderbar ! Dass ist ja unglaublich! ».

« Putain, encore une deuxième place… ils vont en avoir marre de travailler pour moi mes camarades… fait chier ! ».

« Et Caleb Ewan, il fait combien ? Ah merde, il a abandonné en même temps que Greipel… Bon, c'est pas grave ! Avec Kruijswijk, Chaves et Jungels, je reste en tête».