Après trois semaines de cyclisme comme on l’aime. Après trois semaines intenses, remplies d’exploits, de désillusions, de victoires et de tragédies, la 101ème édition du Giro d’Italia s’est terminée dimanche à Rome avec la victoire au sprint de Sam Bennett et le sacre final de Chris Froome. Le vrai sprint final, le plus indécis, celui du Fantagiro, a quant à lui vu le triomphe de la team Macho Madness de Randy Savage, revenue de loin mais ayant encore les forces pour l’emporter dans la dernière ligne droite devant Les Saiyens en Pédalos et la Team 60956 Blue. 

Voici quelques chiffres et quelques conclusions pour résumer ce Fantagiro décidément légendaire.

101 - La 101ème édition du Giro d'Italia restera sans doute dans les mémoires de tous ceux qui l'ont suivi comme un des plus beaux et dramatiques tours de ces dernières années.  Tous les ingrédients ont été réunis pour nous offrir un course spectaculaire : une bagarre entre grimpeurs qui essayent de grappiller du temps où ils peuvent et rouleurs qui résistent en pensant au contre-la-montre qui les favorisera ; un maillot rose qui fait le cannibale pendant deux semaines avant d’hisser drapeau blanc dans l’étape décisive ; des craquages de grands champions comme on en avait rarement vu, de Chaves à Pinot, en passant par Aru, Dennis et Yates, qui les ont d’ailleurs rendus tellement humains ; des surprises et des révélations ; des courses dans la course, comme pour le maillot blanc et celui cyclamen et pour les places dans le top-10 du général ; et enfin, cette incroyable chevauchée de Chris Froome vers le Jafferau qui rappelle les exploits d’une autre époque, très lointaine. Dommage que l’affaire salbutamol de Chris Froome plane malgré tout sur ce Giro, laissant des doutes et limitant quelque pteu les adjectifs superlatifs utilisés pour décrire la course. 

8 835 – Comme le nombre de points obtenus par le grand vainqueur du Fantagiro 2018, Macho Madness. Encore relativement loin au classement général à quatre jours de l’arrivée, la team de Randy Savage était cependant la première des équipes n’ayant pas Simon Yates comme moteur. Elle est vite apparue comme l’équipe favorite après le craquage du maillot rose dans le Colle delle Finestre, car avec Dumoulin, Lopez et Carapaz elle possédait le bon trio du classement général plus un autre trio très prolifique même si désormais coupé de la lutte au podium : Pinot, Dennis et Chaves. Les coureurs low-cost Guardini, Maestri et Sepulveda n’ont rien rapporté, mais qu’importe, Randy Savage s’offre sa première grande victoire fantacycliste grâce à un sprint final parfaitement mené. Bravo. Mention spéciale aussi pour les teams Cyclo Marseille, Breddy Eckx, Uovo et Still cyclo After all these years, qui se sont livrées une bataille quotidienne pour le fantamaillot rose, mais qui à l’image de leur poulains, Chaves, Dennis, Yates ou Pinot, se sont écroulées dans le final. Le panache à l'état pur.

2 968 - Comme le nombre de points rapportés par Tom Dumoulin au Fantagiro. Le Néerlandais est celui qui rapporte le plus, notamment parce que, sans compter son maillot rose à Jérusalem, il a passé trois semaines en deuxième position du général. Dumoulin confirme qu'il est un coureur de grands tours redoutable, régulier en montagne et toujours au rendez-vous dans les contre-la-montre. Cette année, il est simplement tombé sur plus fort que lui, mais il lui restera malgré tout quelques regrets, comme son CLM pas si exceptionnel à Rovereto et surtout son duel à distance avec Froome après le Colle delle Finestre, lorsque le Britannique prend secondes sur secondes, notamment dans la plaine, pour finalement construire sa victoire. A-t-il bien fait d'attendre Reichenbach à plusieurs reprises ?  N'aurait-il pas pu convaincre Lopez et Carapaz de prendre au moins un ou deux relais ?  Aurait-il mieux fait de partir seul ? Des interrogations légitimes, car il perd finalement la course pour quelques secondes... Dans le Giro des craquages et des drames, il reste debout jusqu'au bout en tentant même d'attaquer Froome à Cervinia, bien que les forces n'étaient plus là. Bravo.

2 870 – Comme les points obtenus par Simon Yates qui termine le Giro à la 21ème place, à 1h15 du maillot rose. Un maillot rose qu’il a endossé pendant deux semaines en dominant ses adversaires comme on avait rarement vu. Simon Yates semblait être sur une autre planète, tellement il lâchait facilement tous les autres coureurs dès que la route montait. Les cyniques se demanderont pourquoi personne ne lui a dit que le Giro dure trois semaines et que les trois dernières étapes étaient les plus difficiles… C’est vrai qu’il aurait pu éviter de dépenser autant d'énergies en sprintant pour les quelques secondes de bonifications dès qu’il en avait l’occasion, mais c’est aussi grâce à sa fougue et à son panache qu’on a vécu un Giro aussi spectaculaire. Mais oui, en calculant un peu plus, il aurait pu ramener ce maillot rose à Rome, ce qui aurait clairement été un tournant majeur pour sa carrière. En pensant au Giro de Yates, on ne peut s’empêcher de se souvenir de cette étape de la dernière Vuelta, où son frère Adam, visiblement aussi enthousiaste et peu calculateur que lui, avait tenté de suivre un Miguel Angel Lopez déchainé dans la montée vers la Sierra Nevada, se mettant dans le rouge avant de complètement exploser et être presque obligé de mettre pied à terre. On ne peut pas leur en vouloir, au contraire. Merci.

111,21 – Le meilleur coefficient points/prix obtenu au Fantagiro par Richard Carapaz qui brule sur le fil le champion des échappées Marco Frapporti. Carapaz est évidemment aussi la grande révélation du Giro. Il n’était pas un inconnu et ses bonnes prestations sur Paris-Nice (11ème), la Settimana Coppi & Bartali (3ème) et la Vuelta a Asturias (1er) indiquaient qu’il était en train de monter en puissance cette année. Mais de là à le voir finir quatrième du général et contester le maillot blanc à Miguel Angel Lopez jusqu’aux derniers kilomètres, il y avait une marge. Le Giro de Carapaz a tout simplement été exceptionnel, car à part sur le Zoncolan et lors des contre-la-montre, il est toujours resté avec les meilleurs. Clairement un coureur à suivre dans le futur et mention spéciale à Eusebio Unzué, le manager de Movistar, qui après avoir dégoté le premier Costaricain à endosser un maillot rose, avec Andrey Amador en 2015, nous a sorti le premier équatorien vainqueur d’étape et entrant dans le top-4 du classement final. Il va sans dire que pour 14 millions et 1557 points rapportés, Richard Carapaz est LE bon plan de ce Fantagiro. 

6 - Comme la place occupée au classement général par celui qu'on appelle désormais "le cycliste invisible", à savoir Pello Bilbao. Ce résultat est aussi incroyable qu'inattendu, surtout que Bilbao a réussi à se faire oublier pendant trois semaines pour réapparaître et faire un résultat qui en ferait baver plus d’un. On le remarque une seule fois, lorsqu'il envoie bouler Patrick Konrad qui lui demande de rouler dans le groupe Pozzovivo lors de l'étape de Bardonecchia. Son secret réside probablement dans cette capacité de ne jamais donner un coup de pédale de trop tout en restant dans les bonnes roues. Il paraît qu'il est rapide au sprint en plus. Suceur de roues, bon grimpeur, rapide au sprint... il ne manquerait plus qu'il signe chez Movistar et on tient là le successeur de Valverde.

2 - Comme le nombre d'échappées qui sont allées au bout. Max Schachmann à Prato Nevoso et Mikel Nieve à Cervinia sont en effet les seuls coureurs à lever les bras après être partis en début d'étape. Un nombre assez faible, dû notamment à des rythmes effrénés menés dans des étapes comme celles de l'Etna ou de Gualdo Tadino, l’étape de la défaillance de Chaves,  où les enjeux pour le général ont poussé le peloton à rouler à bloc du début à la fin. Du coup, de nombreux coureurs, généralement habitués à l'exercice de l'échappée matinale, sont rentrés bredouille, ou presque. Citons dans le désordre: Ruben Fernandez, Jarlinson Pantano, Darwin Atapuma, Alessandro De Marchi, Rodolfo Torres, Valerio Conti, Diego Ulissi, Tosh Van der Sande, Matteo Montaguti, Gianluca Brambilla, Luis Leon Sanchez, Rafael Valls, Eduardo Sepulveda , Davide Villella, Bert-Jan Lindeman, Igor Anton, etc. Ça fait quand même beaucoup de mauvais plans pour un tour...

11 553 – Le nombre de points qu’aurait obtenu la team idéale de ce Fantagiro. Bizarrement, elle ne comprend ni Viviani, ni Pinot, ni Lopez ou Pozzovivo :

Tom Dumoulin – 56 fantamillions – 2968 points
Simon Yates – 40 fantamillions – 2870 points
Richard Carapaz – 14 fantamillions – 1557 points
Sam Bennett – 30 fantamillions – 1310 points
Rohan Dennis – 21 fantamillions – 1029 points
Esteban Chaves – 15 fantamillions – 770 points
Pello Bilbao – 18 fantamillions – 613 points
Davide Ballerini – 5 fantamillions – 326 points
Marco Frapporti – 1 fantamillion – 110 points

 

20 - Comme le nombre de grands tours consécutifs menés à terme par Adam Hansen. Un exploit incroyable qui rend hommage à lui seul à tous les Wonderful Loosers du peloton.

Comments

Merci aux organisateurs de ce jeu passionnant. Bravo aux rédacteurs des très réussis billets quotidiens. Gloire au vainqueur pour sa prodigieuse remontada.

yes Big Up au gagnant et à tous les participants. Désolé pour les petits soucis techniques durant ce Giro principalement dûs à une vielle malédiction Inca (ou Aztecque , on sait pas) qui s'est abattue sur notre webmaster. ^^

Krists Neilands qui confirme que c’est une des grosses révélations de la saison, sur Dwars door het Haageland. Déjà que mi-août cette course était pas super visible, là entre tous les tours de prépa pour le Tour, ça devient anecdotique, comme le Tro Bro, le GP de Denain, voire le Samyn. Par contre on peut tjs se taper un GP de l’Escaut ou un KBK en mondovision. Y’a des courses qui méritent mieux, bcp mieux.