Incroyable ! Il aura fallu attendre la dernière étape en ligne pour enfin voir du vrai spectacle et assister à un retournement de situation assez inédit. Malgré la déroute du Stelvio, Wilco Kelderman était en rose ce matin et pouvait, normalement, voir venir la suite des événements avec une certaine sérénité. Les trois ascensions vers la station de Sestrières n’apparaissaient en rien aussi difficiles que les cols d'Agnel et de l'Izoard initialement prévus et il lui fallait «juste» assurer avant le contre-la-montre final de dimanche. Mais rien ne s’est vraiment passé comme prévu.

Une solide échappée prend très vite les devants et peut fermement croire à la victoire jusqu’à ce qu’Ineos ne prenne les rênes du peloton. Et comme au Stelvio, Rohan Dennis se met aux commandes et fait, à nouveau, exploser tout le monde dans sa roue. L’australien est exceptionnel et seuls Hindley et Geoghegan Hart peuvent suivre son allure soutenue. Les trois reprennent un à un tous les fuyards pour finir leur chevauchée fantastique par un sprint que Tao remporte face à son rival et nouveau maillot rose. L’impressionnant Dennis est troisième et on se demande pour la énième fois comment Rohan a fait pour ne jamais s’imposer comme homme fort au général d’un grand Tour.

Jai Hindley est donc le nouveau leader pour quelques dixièmes de secondes devant Tao Geoghegan Hart tandis que Wilco Kelderman, en perdition totale en cette fin de Giro, est désormais troisième à 1’35 et voit, sans doute, la victoire finale s’éloigner définitivement. Tous les autres favoris ont encore perdu un peu de temps, seul Joao Almeida, bien aidé par ses équipiers omniprésents à tous les échelons de la course, a repris une trentaine de secondes dans l'infime optique du podium. L’ultime contre-la-montre de demain promet d’être chaud et, avec en bonus l’ascension du col de Formigal à la Vuelta, ça nous réserve encore un dimanche tonique.

Au FantaGiro, Romano Danzini s’adjuge, de justesse, sa deuxième étape pendant que, le détonateur à côté du cœur, La Bomba se prépare à l’explosion finale.

Le bon plan

On a déjà cité les trois super bons plans que sont Hindley, Geoghegan Hart et Almeida, on pourrait y ajouter ce bon vieux grognard de Rohan Dennis. Certes, ses 183 points ne représentent guère une manne céleste mais, rien que pour ses deux ascensions, dans le Stelvio jeudi et aujourd’hui à Sestrières, l’australien mérite toutes nos louanges. Car, sans lui, il n’est vraiment pas sûr qu’on aurait vécu une fin de Tour d’Italie comme on est en train de le vivre. Et ce n’est pas Geoghegan Hart qui dira le contraire.

Le mauvais plan

D’un point de vue purement comptable, Wilco Kelderman est loin d’être un mauvais plan. Par contre, sportivement parlant, le hollandais risque bien de passer à côté d’une occasion en or de gagner un grand Tour. Et ce n’est vraiment pas sûr que cela se reproduise un jour, même s’il n’a, en fait, que 29 ans… Tout n’est pas encore perdu mais ses deux défaillances, au plus mauvais moment, risque bien de hanter les nuits de Kelderman encore bien longtemps. Avec l’abandon des principaux protagonistes et la faiblesse des forces en présence, l’opportunité était trop belle mais Wilco n’a pu saisir sa chance. On a vu des carrières partir en floche pour moins que ça.

La question du jour

La chance de Kelderman, c’est que ni Hindley, ni Geoghegan Hart ne sont des spécialistes du chrono. À priori, le gagnant sera l’un des deux précités mais nous n’en sommes plus à une surprise près. Wilco peut-il encore y croire ou va-t-il sombrer un peu plus encore ?

Comments

C'est quand même dingue deux coureurs dans la même seconde à l'avant dernière étape d'un grand tour... et si la dernière étape se terminait au sprint plutôt qu'au clm? Ca aurait été vraiment incroyable.