Après une longue course éprouvante et nerveuse, le groupe de tête sort enfin du dernier virage et entame la dernière ligne droite. Une ligne droite encore très longue et semée d’embûches, où il faudra jouer des coudes pour ne pas perdre des positions. Malgré la concentration des coureurs, quelques pensées traversent leurs esprits.

En tête du groupe, Papanache lance le sprint très tôt. Elle le veut ce putain de maillot Ariostea. Elle essaye de ne pas trop penser l’abandon de Kittel. « Si seulement… le fantamaillot rose était déjà assuré. Kittel, Evans, Uran, Quintana, Aru, ça pouvait être la team parfaite… En plus, quelle coup de bol avec Canola… Bon, Sutton et Docker, c’est les seuls australiens qu’on n’a pas vus sur ce Giro, mais je peux m’en passer. »

Dans sa roue, Eddy Breckx, le vainqueur sortant est serein. Il regarde à gauche, il regarde à droite, il ne craint personne. Sûr de pouvoir bondir au dernier moment en faisant peser son expérience. Le craquage annoncé d’Evans en dernière semaine lui fait un peu peur, mais Eddy le cannibale reste confiant malgré quelques corrections à faire dans sa team. « Bah, Nicolas Roche, c’était vraiment un bidon. Mais bon, ce ne sera pas la première fois que je remporte un grand tour avec un irlandais qui ne rapporte que dalle… Et puis ce retour d’Hesjedal. Trop fort !! ».

En troisième position, Bjorn Borg compte ses gladiateurs, rêve d’un podium Uran, Majka, Pozzovivo et maudit encore le message ambigu de Radio Corsa qui a permis l’attaque de Quintana dans la descente du Stelvio. « Arredondo, Aru, Duarte, Ferrari et Battaglin, moi au moins, j’ai fait preuve de panache. Et puis, maintenant je m’en fou, Rolland Garros a commencé… ». Derrière, Mega Mindy doit boucher le trou pour ne pas laisser partir le trio. «  Papa, pourquoi le messieurs qui est devant, il a un maillot tout rose ? ». Dans sa roue, Bombs compte les cartouches qui lui restent pour l’étape de Trieste et espère passer les montagnes dans les délais. Mais ironie du sort, il sait qu’il risque de se faire piétiner par les poursuivants dans le dernier sprint massif. « Pas grave, j’aurais au moins inventé un nouveau concept tactique au fantacycling. A partir de maintenant, dès que quelqu’un prendra plus de trois sprinters, on dira ‘il a fait une Bombs’ ». Piquoz est un peu plus loin et se dit que la prochaine fois, il faudra augmenter la dose. La Spartak Diablo Team se retourne, elle cherche son leader El Diablo qui revient à toute vitesse. Les instructions dans les oreillettes ne sont pas claires : « Je dois me sacrifier pour lancer El Diablo vers un podium ? Où on tente l’exploit de faire deux top-10 ? Je suis chaud, Pirazzi m’a redonné confiance... ». Spider Boy est intercalé entre les deux diables. «  Papa ? Pourquoi tu a fais une meilleure équipe pour ma sœur ? ».

Le peloton s’étire en file indienne. Giroshima mon amour y croit surtout après la victoire de Pirazzi « Même Anacona pourrait me faire quelque chose… ». Tutto Bene regrette encore cette ancienne passion pour la Pologne qui lui a fait prendre le mauvais plan Niemec « Pourtant, avec Tuft, tout avait bien commencé… ». Team Burton sent qu’il a un coup à jouer. Après un début difficile, il est l’homme en forme de la cette troisième semaine. Après, The Best, Titanic, Gagner ou Mourir, les deux Polska Teams main dans la main, les deux Torero séparée par le seul Surebet. Tout le monde est là. Près à tout donner. Conscient qu’il n’y a que 57 secondes entre le troisième et le neuvième du classement général et qu’au final, le troisième touchera 600 points alors que le neuvième n’en rapporte que 100.