Nous voilà arrivés au bout du périple pyrénéen, et que le chemin fut exaltant!  Nibali aura fait vivre son maillot jaune avec panache, nous rappelant tout ce qu'on aime chez un champion. Dans sa roue, la chasse pour le podium fut de tous les instants, et ces paysages superbes auront également joué leur rôle pour nous offrir un tableau digne des luttes à mort sévissant dans l'ouest. Un combat sans merci, là tout en haut, où nos plus grands ennemis sont aussi nos compagnons de route. Au milieu des coups de feu et de reins, regardant nos héros escalader les cimes au loin, la montagne semblait entendre Morricone...

Cette dernière journée pyrénéenne était une explication à mort, tous le savaient. Si l'escalade du Tourmalet est une guerre mythique peuplée de légendes, la dernière ascension du jour menant au sommet d'Hautacam se présentait comme un désert aride, où il est impossible de se cacher ou de mentir, où l'on se doit d'aller jusqu'au bout, en champion. 

La première difficulté du jour avait permi à un groupe d'hommes de main de se détacher et de creuser quelques écarts. Peine perdue pour ces coureurs qui, dans ce qui résonnait pour certains comme une dernière chance de salut, ont été avalés sur les pentes d'Hautacam. Nieve aura donné tout ce qu'il avait pour sauver l'équipe SKY d'un naufrage complet sur ce Tour, mais il n'en aura pas eu la force. D'autres auront fait entendre leur chant du signe: Bakelants, De Marchi (encore lui!), Voeckler, Chavanel, tous tombés avec les honneurs revenant aux attaquants...

La victoire d'étape s'est donc joué parmi les hommes forts... Valverde a accéléré dans la descente du Tourmalet, tentant de piéger les loups dont il sentait déjà le souffle depuis la veille...  C'est néanmoins un groupe compact qui s'est présenté au pied des ultimes 13.6kms, pour une moyenne de 7.8%! Le tempo a joué son rôle pour ne laisser que les meilleurs sous les yeux des caméras où nous étions suspendus, tels des dieux impatients, à l'heure de la lutte finale. 

Nibali, le patron de ce Tour, fut le premier à régler ses comptes et à mettre tout le monde d'accord. Répondant à une attaque de papy Horner, lui devant bien cela pour la Vuelta concédée en 2013, le Squale s'en est allé à une dizaine de kms du sommet, en solitaire, pour disparaître à jamais de la vue de ses poursuivants. Derrière, c'est TGV qui tire le premier et fait mouche, emportant dans sa roue un Tibault Pinot immaculé et un JC Péraud serrant les dents, rejoignant également le jeune Majka et ses pois volant vers le prix de la montagne... A ce moment de la course, il reste encore 6 ou 7 kms, et le mano à mano enclenché va petit à petit marquer les visages et les jambes,  les secondes prises mètre après mètre redessiner la hiérarchie de ce Tour...

Au terme de cette étape, TGV s'offre encore quelques espoirs de remontée, Bardet et Valverde sortent blessés, Pinot et Peraud mettent un pied sur le podium et dans l'histoire. Reste une dernière traversée solitaire entre Bergerac et Périgueux, samedi, pour que les uns lèvent le poing et les autres baissent la tête au classemnt général de ce Tour. Pour ce qui est de la course au FantaMaillot Jaune et aux places d'honneur, la lutte sera à n'en pas douter aussi mouvementée pour les 3 étapes à venir, avec Calva, Edberg, Polska Team2 et Sous les Pavés la plage qui se replacent au meilleur moment. Les multiples repositionnements au classement et les efforts concédés vont rendre leur verdict...

Au milieu des espoirs, des efforts, des calculs et spéculations entourant l'arrivée de ce Tour, Nibali contemple quant à lui déjà, de tout là haut, sa victoire étincelante... s'offrant peut-être quelques moments de rêverie... comme le disait Nietzsche, philosopher, c'est vivre volontairement sur la glace et les cimes...

Le bon plan du jour

Pinot, c'est son tour...

La mauvais plan du jour

Horner, il aura déçu Tempesta avec 0 point pour 42 Fantamillions... fin de cycle...

Comments

Ennio Morricone, oui, très bien vu Alain ! Je me suis lu ta chronique avec la musique de l'Harmonica dans la tête" (ré-écoutez la BO de "Il était une fois dans l'Ouest"), ça le fait ! (surtout quand la course au podium se joue 'pour une poignée de secondes'...). C'est autre chose que l'accordéon de Chris, euh pardon... d'Yvette Horner ;-)