Avec une pause de près de deux semaines, on a presque oublié qu’on était en pleine période de Fantaclassics. Heureusement, Paris-Nice et Tirreno-Adriatico ont permis de rester en contact avec le monde des deux roues et de suivre les poulains de chacun. Parce qu’à partir de Milan-Sanremo, le Fantaclassics entre dans sa phase la plus intense, avec deux courses à se mettre sous la dent chaque semaine. L’occasion idéale pour passer en revue les états de forme de chacun et accessoirement,  jeter un coup d’œil à l’infirmerie.

Paris-Nice et Tirreno-Adriatico sont deux courses clé du calendrier cycliste. Elles donnent tout d’abord une bonne indication sur les noms des coureurs qui se battront sur les grands tours et elles permettent à tous les spécialistes des classiques d’engranger des kilomètres pour arriver au top de leur forme au moment voulu. Evidemment, les profils des étapes favorisent surtout les grimpeurs-puncheurs qu’on verra dans les Ardennaises, mais on peut bien partir du principe que celui qui est à la ramasse dans une des deux courses à étapes ne gagnera pas Milan – Sanremo… Parce que c’est bien la Classicissima qui nous intéresse cette semaine et qui peut donner un premier coup d’éclat à ce Fantaclassics. Avec son parcours de près de 300 kilomètres, Milan-Sanremo est une course à part, ouverte à tout type de scénario et à tout type de coureur. On a beaucoup parlé du retour au parcours favorisant les sprinters, mais le déroulement est loin d’être écrit d’avance. Certains hommes forts du moment seront là, d’autres non. Un petit bilan s’impose.

Ils sont chaud patate

Ils ont brillé sur Paris-Nice et Tirreno-Adriatico mais ne sont pas tous spécialement favoris pour la victoire à Sanremo. La plupart tenteront surtout de garder leur bonne forme pour l’Amstel et Liège-Bastogne-Liège. C’est à ce moment là qu’on pourra savoir s’ils n’ont pas été à 100% de leur capacité trop tôt dans la saison.

Carlos Betancur: Avec deux succès d’étape et la victoire au général de Paris-Nice, le colombien d’Ag2R a prouvé que sur des parcours accidentés et dans des arrivées en côté, il est un des meilleurs au monde. Déjà trois victoires cette saison alors qu’il n’avait remporté que des places d’honneurs en 2013. D’ailleurs, il y a un an à cette époque, Betancur se cachait en Colombie et n’avait participé à aucune course. Il fit sa rentrée au Tour de Catalogne avant de faire 3ème sur la Flèche Wallonne et 4ème à Liège. A voir s’il pourra garder sa bonne forme jusqu’en avril. Ce qui est certain, c’est que pour ne pas se cramer, il a renoncé à Milan-Sanremo. On ne verra donc pas de Colombien gicler dans le Poggio cette année. 

Alberto Contador: Enorme démonstration de force du Pistolero à Tirreno-Adriatico avec deux victoires dans les étapes les plus dures et une première place au classement général. Contador n’a visiblement pas digéré sa quatrième place au Tour 2013 et compte bien montrer qu’il faut encore compter sur lui. Dommage qu’il s’en foute complètement des classiques… Enfin, il pourrait quand même tirer une belle cartouche sur le Mur de Huy pour faire plaisir à The Best, Antermoia et Soc. Coop. Cyclo.

Tom Jelte Slagter: Certains se souviennent de l’étape d’Assisi au Giro 2012, où en prenant une septième place derrière des grimpeurs comme Rodriguez, Pozzovivo, Visconti ou Gadret, ce très jeune néerlandais montrait une certaine aisance à sprinter en côte. Cela n’a évidemment pas échappé à ce redoutable Eddy Breckx qui tient là son joker pour les Fantaclassics. Les deux victoires à Paris-Nice ont montré qu’il pourrait bien être la révélation de 2014. A suivre de très près. 

John Degenkolb: Une victoire et deux deuxièmes places dans la Course du Soleil. Johnny D. est présent sur la version. En attendant qu’il prouve enfin qu’il peut gagner une course sur pavés, il sera, avec une entière équipe à sa disposition, un des grands favoris de Milan-Sanremo. Gland-Wevelgem, Spider Boy et Yakdesboules like this.

Ils sont en forme et on compte sur eux

Ils n'ont pas été les stars des deux courses méditerranéennes, mais ils ont assuré et rassuré en vue des prochaines échéances.

Mark Cavendish: L’important pour le Cannonball était de débloquer son compteur de victoires face à ses principaux rivaux. Mission réussie, même si de manière assez chanceuse, lors de la sixième étape de Tirreno-Adriatico. En attendant, le Cav est en confiance et si son train formé par  Trentin, Petacchi et Renshaw est toujours groupé dans la Via Roma de Sanremo, on voit mal qui pourrait le battre.

Philippe Gilbert: Cela faisait quelques années qu’on n’avait plus vu un Gilbert attaquant et entreprenant dans cette période de l’année. Rien d’exceptionnel hein, juste quelques attaques et un bon sprint qui changent quand même par rapport au Gilbert en surpoids qu’on avait l’habitude de voir sur Paris-Nice ou Tirreno-Adriatico depuis qu’il était chez BMC. Et on sait que Philou en rêve, de la Primavera…

Rui Alberto Costa: Il a collectionné les places d’honneur sur Paris-Nice, mais finalement, cette deuxième place finale peut être considérée comme une petite déception pour le champion du monde. En attendant de voir s’il saura gérer la pression d’un leader dans les grands tours, le portugais a montré qu’il a un beau potentiel dans les courses d’un jour au parcours dur et accidenté. Il est vrai qu’il a une pointe de vitesse un peu limitée, mais cela ne l’empêchera pas de faire des top-5 dans les Ardennaises comme prévu par la Team Koum et Torpedo.

Moreno Hofland: La cote du jeune hollandais a explosé en un mois. Il coûtait un fantamillion et après une victoire sans grande gloire à la Vuelta Andalucia et une deuxième place à Kuurne, il a battu de gens comme Degenkolb, Bouhanni, Coquard et Kristoff a la régulière. On cherchera le maillot Belkin dans les prochains sprints, probablement pas à Sanremo, mais surement à Wevelgem.

Geraint Thomas: Le gallois de Sky a été surprenant à Paris-Nice, en endossant le maillot de leader et en le défendant sur un terrain qui théoriquement ne lui convenait pas. On le pensait fait pour les classiques flamandes, pourrait-il aussi briller dans les Ardennaises? Le maillot jaune lui a en tous les cas donné des idées, puisqu’il a annoncé qu’il aimerait bien se concentrer sur les tours, plutôt que sur les classiques. Bon, au final il est tombé et a tout perdu comme d’habitude. Tours ou classiques, même combat pour Geraint.

Ils se cachent

On ne le a pas vraiment vus, ni sur Paris-Nice, ni à Tirreno-Adriatico, mais peut-être n’était-ce que du bluff ?

Fabian Cancellara: Après un Tirreno-Adriatico totalement anonyme, Cancellara a quand même pris une intéressante deuxième place lors du contre-la-montre final. Rien d’exceptionnel, mais les kilomètres engrangés peinard à l’arrière du peloton ont peut-être permis à Spartakus de récupérer son retard de préparation. En plus, le fait d’avoir battu Tony Martin devrait suffire à booster le Suisse et lui rendre la motivation qui pouvait avoir disparu.

Alexandre Kristoff: De nombreuses fantateams attendent énormément de Kristoff et de sa pointe de vitesse, mais pour l’instant, le norvégien n’a pas montré grand-chose et n’a jamais été capable de lutter pour la victoire. Bon trois ou quatre top-5 dans des classiques devraient suffire à rentabiliser l’investissement de 20 fantamillions, mais est-ce que Kristoff saura vraiment rééditer les bonnes prestations de 2013 ?

Andre Greipel: Il veut gagner Milan-Sanremo et aimerait bien briller sur les pavés, mais le Gorille de Rostock est rentré bredouille de Tirreno-Adriatico et commence peut-être à nourrir quelques doutes sur la qualité du train de Lotto-Belisol. Surtout s’il le compare à celui de son pote Cavendish…

Joaquim Rodriguez: Où est passé le Purito ? C’est un des seuls coureurs qui a renoncé à Paris-Nice et Tirreno-Adriatico sans raisons spécifique.  Sachant qu’il vise la victoire au Giro, il est probable que le leader de Katusha délaissera un peu les classiques au détriment de son objectif principal. Il ne faudra quand même pas qu’il nous fasse le coup du Tour 2013 où sa préparation lui avait permis d’être uniquement compétitif à partir de la troisième semaine. Tout n’est pas perdu pour les six fantateams qui ont misé sur lui.

Ils sont out

Quoi qu’il arrive, ils seront des mauvais plans du Fantaclassics. Eliminés pour des blessures ou d’autres faits extra-sportifs, on ne les reverra pas avant longtemps.

Gianni Meersman: Il devait être un des grands protagonistes de Paris-Nice, mais Gianni est rentré chez lui après la 2ème étape avec quatre cotes cassées. Bon, ça fait deux ans qu’il ne marque aucun point au Fantaclassics, donc finalement cotes cassés ou pas, Meersman est un mauvais plan. Surtout pour Surebet.

Lars Boom: Coude brisé pour le Néerlandais. Rêve brisé pour Yakdesboules.

Sergio Henao: Suspendu par son équipe pour des résultats « anormaux » lors de prises de sang cet hiver, Henao ne participera probablement à aucune course du Fantaclassics. Pourtant, les limites montrées lors des grands tours en 2013 auraient pu le pousser à se concentrer sur les courses d’un jour. Dommage, Antermoia et Torero y avaient cru.

Riccardo Zoidl: Tombé lors des Strade Bianche, l’autrichien ne participera pas aux classiques de printemps. Pour un fantamillion, on pouvait miser sur un placement dans les 20, par exemple à la Flèche Wallone. Bon, il vaut mieux perdre un gars à un million qu’un des leaders de sa fantateam, mais on aurait quand même voulu voir ce dont était capable le grimpeur autrichien.

Comments

Belle démonstration des forces en présence, juste dommage que Tornado Tom n'en fasse pas partie. Ce n'est probablement que partie momentanément remise. La semaine promet d'être chaude. Allez Arnaud !

Ouais, Démare il a un bon coup à jouer, surtout après que la FDJ.fr ait gentillement proposé à Nacer Bouhanni de ne pas faire le voyage... Difficile que Démare gagne, mais en cas d'arrivée au sprint, un top5 devrait être garanti.

Par contre, un autre qui a un bon coup à jouer, c'est El Diablo: Spartakus, Ulissi, Thomas, Bakelants, Roelandts et Kwiatkowski pour les attaques dans le Poggio et Demare et Kristoff pour une arrivée au sprint, sans compter Sagan pour type d'arrivée, et la possible grande surprise de ce Milan-Sanremo 2014, surtout en cas de sprint: Michael Morkov !!! Ca va chier !!

C'est du lourd en effet mais faudra vraiment que ça sorte au Poggio. Surtout avec Bakelants qui remplace Boonen et Ulissi dont on attend la réelle confirmation de son indéniable talent. Un italien qui gagne à San Remo, les tifosis en rêvent depuis quelques années déjà...Pour Thomas et la Sky en pleine tourmente, j'ai un léger doute, Roelandts, lui, risque d'avoir un Gallopin dans les pattes tandis que le moteur de Spartakus semble encore en rodage. Si arrivée au sprint, va falloir être fort pour battre Sagan. Attention aux BMC, Gilbert remonte la pente et Avie va bien finir par en claquer une belle,d'autant que Phinney et Hushovd semblent filer du bon coton... Ca va être chaud !