Julian Alaphilippe a conservé son titre de champion du monde à Louvain en réalisant une course exceptionnelle lui permettant de franchir la ligne d’arrivée en solitaire, comme il y a 12 mois. Considéré par certains comme trop facile, le parcours du Mondial 2021 a pourtant offert une course très spectaculaire où le plus fort s’est imposé avec la manière. Grosse déception coté belge, avec un Wout Van Aert qui n’avait pas les jambes et Jasper Stuyven terminant aux pieds du podium, derrière Van Baarle et Valgren.

Le fantachampion du monde s’appelle FFV. Il s’impose dans une course bien moins prévisible que prévu, avec une équipe comprenant Alaf, Valgren, Pidcock, Stybar, Van der Poel et Sénéchal. Sainté et Arcenciel complètent le podium du jour.

Il faut remonter jusqu’aux bordures du Qatar en 2016 pour retrouver un championnat du monde où la bagarre a commencé à plus de 100 kilomètres de l’arrivée. Le parcours qui pouvait sembler à première vue peu sélectif, c’est finalement révélé être plus dur que prévu. Il n’y a rien à faire, les Belges connaissent le cyclisme et savent qu’un parcours avec une multitude de petites bosses donnera une plus belle course qu’un circuit se terminant simplement par une difficulté au pourcentage à double chiffre. C’est ainsi que la course s’est animée dès le premier passage dans l’exigeant circuit flandrien pour exploser au même endroit deux heures plus tard, alors qu’il manquait plus de 50 kilomètres à l’arrivée. Si certains s’attendait à un sprint d’un groupe de 30-40 coureurs, ils ont vite déchanté lorsqu’Alaphilippe a attaqué dans le Smeynsberg, emmenant avec lui Colbrelli et ensuite un groupe de 17 coureurs. A ce moment-là, la course était déjà perdue pour toute une série de leaders, de Peter Sagan à Kasper Asgreen, en passant par Alexandr Kristoff, Mads Pedersen, Michal Kwiatkowski ou Michael Matthews.

Le champion du monde sortant a poursuivi son show offensif dans le circuit de Louvain, en multipliant les tentatives, jusqu’à s’envoler à 17 kilomètres de l’arrivée, laissant Van Aert, Van der Poel et Colbrelli sur place et sans soutien pour mener la chasse. Le quatuor parti en contre formé par Jasper Stuyven, Dylan Van Baarle, Michael Valgren et l’étonnant américain Nelson Powless, n’a jamais récupéré du temps sur un Alaf déchainé et a dû se contenter de sprinter pour les médailles d’argent et de bronze. La victoire d’Alaphilippe le puncheur à Imola en 2020 était belle, mais celle d’Alaphilippe le flandrien en 2021 l’est encore plus, puisque relativement inattendue et conquise sur un terrain favorable à d’autres types de coureurs. Quoi qu’il arrive, on sait que le maillot arc-en-ciel sera honoré la saison prochaine, porté par un coureur exceptionnel, un des grands champions de la décennie.

La victoire d’Alaphilippe est aussi et surtout la victoire de l’équipe de France de Thomas Voeckler. Si certaines équipes comme l’Espagne, la Pologne, la Suisse ou l’Allemagne ont été invisibles, d’autres comme l’Italie ou le Danemark ont été un peu malchanceuses, avec des chutes qui ont mis hors course quelques coureurs importants comme Trentin, Ballerini, Pedersen ou Honoré, la France a couru à la perfection. Cosnefroy était dans les premiers coups de mi-parcours, Christophe Laporte a préparé le terrain dans les monts d’Overijse, Madouas a pris le relais pour ensuite lancer son leader dans les derniers tours, et termine d’ailleurs dans le groupe Van Aert-Van der Poel, alors que Florien Sénéchal restait dans les roues, au cas où ça se terminerait au sprint. Une belle prestation qui contraste avec celle de l’équipe belge qui devait gérer son rôle d’ultra-favorite pendant une course finalement ingérable. Des coureurs comme Benoot, Teuns ou Lampaert ont été sacrifiés bien trop tôt, pour tenter de contrôler un peloton dans des phases où cela n’était peut-être pas nécessaire. Et si Wout Van Aert a déclaré au final qu’il n’avait pas les jambes des meilleurs jours, cela aurait pu être différent s’il avait eu un ou deux équipiers en plus dans le dernier tour. Cerise sur un gâteau acide, l’enfant du pays Jasper Stuyven, sur papier le plus rapide des poursuivants, échoue aux pieds du podium, battu par Van Baarle et Valgren dans un sprint se déroulant à 300 mètres de sa maison natale. Cruel…

 

Créer son équipe pour le Fantamundial était un réel casse-tête, avec un seul grand favori et une multitude de prétendants au top-10 selon les différents scénarios de course. Alaf ou pas Alaf ? MVDP ou pas MVDP ? Quel Italien ? Quel Danois ? Combien d’Italiens ? Combien de Danois ? Et Pogacar et Roglic ?

Fifth qui participait à sa première course fantacycliste avec son équipe FFV a réglé le problème en renonçant tout simplement à Van Aert et aux Italiens, pour miser sur Alaphilippe, Van der Poel et Pidcock tout en gardant du budget pour des coureurs comme Hirschi, Simmons, Gogl, Stybar, Valgren et Sénéchal afin d'être prêt pour plusieurs types de scénarios. Un choix payant lui permettant de devenir le fanta-champion du monde 2021 et porter le maillot arc-en-ciel pendant la saison 2022. Sur la deuxième marche du podium, nico4211 et son équipe Sainté peuvent difficilement avoir des regrets, même si l’équipe était presque parfaite et qu’elle s’incline face à FFV seulement parce que Sénéchal termine devant Van Aert dans le sprint des battus. Quant à Aby et son équipe Arcenciel, quand on a le flair de miser sur Jan Polanc qui termine 18ème, et bien on mérite largement de monter sur le podium du Fantamundial.

Les championnats du monde offraient aussi un bon nombre de points pour la Fantacup, où Bockus et sa BockTeam remontent à la deuxième place et récupèrent quelques points sur Il Diablo toujours solidement en tête. Avec des atouts comme Stuyven, Pedersen, Hirschi et Kristoff, la cueillette aurait pu être encore plus fructueuse, mais il reste encore quelques courses dans le Nord pour retenter le coup, à commencer par l’Eurométropole Tour de mercredi et Paris-Roubaix dimanche.

Comments

Incroyable performance de l'équipe d'Italie qui a 20km de l'arrivée avait toujours pas décidé qui de Colbrelli et Nizzollo était le leader.
Dans une cassure, les deux se retrouvent dans un groupe de 5 avec Allaf et il refuse de rouler.

Sinon Yuix, puisqu'on était sur place, j'avoue qu'il faudrait que je revoie la course, je n'ai pas tout tout suivi... j'ai surtout vu que les Belges roulaient trop tôt et que le Mongolien s'est accroché jusqu'au bout :D