On est d‘accord, ce Giro ne restera pas dans les annales comme un grand tour très spectaculaire. On a plutôt vécu trois semaines ennuyeuses, sans bagarre, sans exploit, sans rien. Evidemment, les abandons de Remco Evenepoel et Tao Geoghegan Hart au début de la deuxième semaine, tout comme le mauvais temps qui s’est abattu sur l’Italie pendant deux semaines, ont fortement pesé sur le tour, puisque les deux hommes semblaient être au-dessus du lot après les premiers jours de course. Avec tout le respect, on a donc eu droit à une (non)bataille entre seconds couteaux. Et le festival offensif qu’on pouvait s’attendre avec de nombreuses équipes avec plusieurs atouts, s’est transformé en festival attentiste, menée par deux spécialistes du genre comme Geraint Thomas et Joao Almeida, et où Lennard Kämna, Damiano Caruso ou Eddie Dunbar se regardaient pour voir si l’une ou l’autre défaillance pouvait faire gagner quelques places dans le top-10 du général. Et alors que de nombreux suiveurs ont critiqué la tenue du dernier contre-la-montre du Monte Lussari, c’est ce jour-là qu’on a vécu le seul vrai jour de vélo comme on l’aime : de la tension, du suspens, des drames, des retournements de situation, des exploits, des gagnants méritants, des perdants respectueux. La victoire finale de Primoz Roglic a le mérite d’offrir un beau succès à un coureur qui a trop souvent dû affronter le mauvais sort et qui s’offre un quatrième grand tour et un palmarès de tout respect. On notera que dans un peloton où la jeune génération a pris le pouvoir depuis quelques années, on retrouve quatre ultra-trentenaires dans le top-5, dont Geraint Thomas qui, jusqu’à deux jours de la fin, pouvait espérer devenir le plus vieux vainqueur d’un Giro. Ce n’est évidemment pas une bonne publicité pour les organisateurs du Giro qui ont encore une fois raté leur tentative de relancer la course au niveau médiatique.

S’il y a un coureur qu’on a envie de mettre en avant, c’est le super-combatif du Giro Derek Gee. Inconnu du grand public avant le départ, le Canadien de l’équipe Israel Premier Tech est parti à l’attaque presque tous les jours, en récoltant 6 top-10 d’étape, dont 4 deuxièmes places. Et comme si cela ne suffisait pas, le baroudeur termine également deuxième du classement de la montagne, du classement à points, du classement de l’échappée et du classement des sprints intermédiaires. Pour un fantamillion, cela rapporte 870 points et le seul classement que Derek Gee a remporté, c’est celui du coureur au meilleur coefficient points-prix du Fantagiro. Merci Fantacycling.com, au moins une victoire pour le nouveau Mister Gee.

Au Fantagiro, on pouvait s’attendre à ce que la Aurel Team s’écroule dans le final. Aurel a cependant lutté, mais comme son dernier atout dans le sprint de Rome Pascal Ackermann, il s’est explosé dans les barrières pour finir la course aux pieds de la boite. C’est Our Frank qui remporte le Fantagiro avec une équipe assez évidente et efficace : Remco, Roglic, Almeida, Thomas et Kämna. Le tour est joué. Our Frank ne croyait pas en Tao, ni en Vlasov, ni en une razzia de points d’un seul sprinter, il a eu raison. La team Tibo’ rrentruy prend la deuxième place et peut regretter que Jonathan Milan n’avait plus rien dans les jambes pour sprinter à Rome, même si le retard sur le fanta-maillot-rose était supérieur aux 200 points. Mais la team de Bavaroiche avait du panache : Roglic, Almeida, Evenepoel, Milan, Pinot et Sepp Kuss, plus les coureurs low costs Dekker et Bergwick et le mauvais plan Rein Taaramae. Avec tous ces abandons, ce Fantagiro s’est aussi joué sur les choix des remplaçants. Our Frank avait misé sur un Santiago Buitrago à la chasse aux étapes en troisième semaine, alors que Tibo’ rrentruy avait Hugh Carthy en réserve et ce qui pouvait sembler être un choix pertinent, lui a finalement couté la victoire. On peut faire le même discours pour le troisième du Fantagiro, la team Bip Bip de Chris-Regal. Avec Remco, Roglic, Almeida, Thomas et Kämna, les bases étaient les mêmes que le vainqueur Our Frank. Les coureurs low costs étaient intéressants, mais Zoccarato, Hepburn et Quarterman ont rapporté moins que David Dekker à lui tout seul. Et surtout, Bauke Mollema en remplaçant, c’était presque inutile.

Bravo aux vainqueurs et vaincus. Si le Giro était à chier, le Fantagiro a comme toujours tenu ses promesses.

La nouvelle formule du Prono du Jour avec ses bonus en fonction du risque a visiblement fonctionné, puisque le vainqueur Piquouz a remporté le concours grâce essentiellement à la victoire de Filippo Zana à la Val di Zoldo qui lui a rapporté 400 points. Mais on en connait un qui devait l’avoir mauvaise dimanche soir, c’est Plus35 qui avait misé sur Pascal Ackermann pour le sprint de Rome et qui a vu ses espoirs s’envoler, ou plutôt s’écraser, lorsque l’Allemand est tombé à quelques mètres de l’arrivée alors qu’un top-5 semblait largement à sa portée. Avec un lancé de vélo façon Mark Cavendish à Salerne, on aurait peut-être eu droit à un autre classement, tout en criant au miracle…

Le point sur la Fantacup : après ce premier grand tour, les équipes bien armées en leaders sont sorties des bois, enfin pas toutes. La team C. Le Rouge d’un Bavaroiche en pleine forme, prend la tête après deux épreuves. Grâce à Evenepoel, Roglic, Almeida, Pedersen, Milan, Ganna et Dunbar, C. Le Rouge fait le plein de points sur le Giro, mais la route est encore longue et il faudra avoir des flèches pour toutes les courses pour tenir sur la longueur. En attendant, ceux qui avaient misé sur Roglic, Almeida ou Thomas ont déjà rentabilisé leur investissement. Ceux qui comptaient sur Pedersen sont bien contents que le Danois ait rapporté pas mal pendant les classiques, parce que sur ce Giro, ce n’était pas forcément le festival attendu. Ceux qui pensaient avoir eu une illumination magique en misant sur Tao Geoghegan Hart en début d’année, se sont ravisés, alors que les fans de Fernando Gaviria se demandent encore dans quelle obscure semi-classique pour sprinters il a rapporté des points, parce que sur ce Giro, le butin de Nando-el-sprinter-trop-pressé ne dépasse pas les 130 unités…

Prochain rendez-vous fantacycliste, le Giro féminin qui débute le 30 juin pour les Prono et le Tour de France en juillet. En attendant, merci à tous pour la participation active dans les débats quotidiens, ça fait plaisir de savoir qu’on nous suit.